Pourquoi et comment décide-t-on de la création d’un MOOC ? Voici l’histoire du MOOC « Overcoming the challenges » sur la globalisation, proposé par SKEMA à tous les étudiants de dernière année… mais aussi au monde entier. Récit de Michel-Henri Bouchet, professeur en charge du projet.
Quelle est la nature de votre MOOC ?
Depuis 4 ans, nous avons lancé un séminaire sur cinq campus déjà basé sur une plateforme numérique, et sous la forme d’un cours intensif de 15 h obligatoires en dernière année. Transformer ce séminaire en MOOC nous permet aujourd’hui de travailler simultanément sur nos 5 campus. Il ne s’agit pas simplement d’un cours filmé, mais de conférences associées à des travaux de groupe, du coaching et même la rédaction finale d’un ouvrage avec les travaux des étudiants. C’est un véritable MOOC enrichi destinés aux 2000 étudiants de dernière année du Programme Grande Ecole et des Masters of Science.Mais pas uniquement, puisqu’il est offert sur la plate-forme américaine UDEMY. Nous avons plus de 2100 inscrits à mi-parcours.
Pourquoi avoir transformé votre cours traditionnel en MOOC ?
Cette transformation a été imaginée essentiellement pour résoudre les problèmes de multi-campus. Tout le monde travaillera donc en même temps. Par ailleurs, dans une école globalisée comme la nôtre, disposer de cet outil constitue un axe de promotion fort pour notre établissement. Nous avons d’ailleurs déjà des inscrits de plusieurs pays.
Quels moyens vous avez mis en œuvre ?
Pour la conception du MOOC, nous avons passé 4 mois de travail intensif pour la scénarisation, les enregistrements, la mise en place de la plate-forme ou encore la phase de test. Les véritables économies d’échelle apparaitront avec la mise à jour du contenu pédagogique et avec une bonne maitrise de la plateforme numérique.
Vous attendez quoi exactement d’un MOOC comme celui-là ?
Une plus grande promotion auprès des étudiants dans le monde entier, une prospection plus facile auprès des entreprises pour l’executive education et enfin la vente future d’une certification à des candidats.
On reproche souvent aux MOOC d’être trop large. Ce n’est pas le cas du vôtre ?
Nous envisageons à l’avenir de tester des MOOC plus serrés sur les risques pays avec des éléments beaucoup plus concrets. Mais en même temps, beaucoup de personnes attendent des MOOC qu’ils les aident à prendre de la hauteur… et donc à se différencier sur le marché du travail.
Selon vous, les offres de certifications pourront-elles concurrencer les grandes écoles ?
Si on se contente d’un cours en ligne, non. En revanche, avec les MOOC enrichis et une implication des enseignants, il y a sans doute de l’avenir. Car le nouveau business model ne se réduit pas à une plate-forme numérique.
Pourquoi le développement des MOOC semble assez lent en France ?
Il y a eu retard à l’allumage c’est vrai, avec des questions sur le coût et sans doute une certaine inertie culturelle. Par ailleurs, il faut trouver des cours qui s’y prêtent. Notre séminaire Globalisation est particulièrement adapté.
Comment avez-vous fait vos choix technologiques ?
Nous avons passé beaucoup de temps à tester les plates formes. Depuis la Californie, UDEMY accueille les meilleurs professeurs et 3 millions d’étudiants dans 50 langues. Cela nous a convaincu. D’autant que le coût est de zéro. C’est uniquement quand il y a une certification que nous payons une redevance.
L’accompagnement des étudiants à toute heure de la journée, voire de la nuit ne revient-il à pas en réalité à passer plus de temps avec vos élèves ? Et donc à revenir plus cher au final ?
Si la durée de notre séminaire est identique, l’implication des équipes pédagogiques est quasi permanente. Ce qui permet à l’étudiant de disposer d’un rythme d’assimilation des contenus pratiquement sur mesure. En conséquence, le digital nous a imposé une très forte mobilisation de nos équipes académiques et techniques. C’est sans doute le point clé du numérique dans nos grandes écoles. Un MOOC ne peut être un lieu de socialisation à lui seul au même titre qu’un cours traditionnel. Pour faire encore plus simple : l’accès au wifi simple permet certes de trouver l’information… pas d’accéder à la connaissance.