L’économiste Michel-Henry Bouchet dénonce « les promesses complaisantes d’annulation de dettes envers les pays en développement qui encouragent corruption et emprunts irresponsables ».
Alors que la pandémie ravive urbi et orbi les appels à la suspension du service de la dette pour plus de 70 pays pauvres, avec une dette d’environ 750 milliards de dollars, il faut s’interroger sur la relation entre pauvreté et gouvernance pour examiner le bienfondé de ces annulations.
Il est de bon ton aujourd’hui de prêcher l’effacement des dettes au nom de la morale ou de l’intérêt géopolitique ou commercial des créanciers. L’argument consisterait à promouvoir la justice sociale sous la forme de remises des dettes pour briser la subordination des pays pauvres aux pays riches.
Or, plusieurs programmes de réduction de dette des pays en développement ont été menés, depuis l’initiative Brady lors de la crise de la fin des années 1980, dont l’impact sur les taux d’endettement fut de courte durée : dès 1996, les agences multilatérales lancent l’Initiative de réduction de dette pour les pays pauvres très endettés (PPTE).