Pandémie, surendettement, et gouvernance: Comment éliminer l'aléa moral des annulations de dette des pays en développement ?

Dans un article récemment publié par le Journal of Risk Management in Financial Institutions (March 2021 https://www.henrystewartpublications.com/jrm/v14), nous observons que la pandémie a relancé le débat sur l'annulation de la dette des pays en développement, générant une nouvelle priorité pour les organisations internationales et les gouvernements de l'OCDE. En avril 2021, le Président Macron a proposé des annulations massives d’endettement pour les pays africains frappés par la pandémie, et en juin 2021, la France a décidé d’annuler la totalité des $5 milliards de sa créance vis-à-vis du Soudan afin de libérer ce pays du "fardeau de la dette". La pauvreté, seule, est-elle un critère suffisant eu égard à la bonne gouvernance et à l’équité au sein des pays concernés ? La géographie, en l’occurrence l’Afrique, peut-elle être un motif justifié pour bénéficier de réductions de dettes ? L’argument avancé est qu’en vertu de la justice sociale, la dette des pays pauvres devrait être annulée afin de rompre leur dépendance et « remettre les compteurs à zéro ». On trouve aux avant-postes de cet appel militant un certain nombre d'organisations non-gouvernementales (par ex : Oxfam, Attac, CADTM, FONDAD). Nous arguons que les annulations de dettes ont surtout servi les intérêts des gouvernements les plus corrompus et les élites prédatrices, surtout en Afrique, sans bénéficier aux populations locales et sans même avoir d'impact positif sur l'endettement à long terme.

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