LA GLOBALISATION (PEARSON-French)

LA GLOBALISATION (PEARSON-French)

Rédiger un ouvrage sur la globalisation pose de nombreux défis. Le premier est d’ajouterun titre à la floraison d’autres livres parus et à paraître. La collection Éco-Gestionde Pearson Education France n’est pas destinée aux « essais » ni aux partis pris en formede plaidoyers. Cela ne signifie pas qu’une opinion ne puisse affleurer, ne serait-ce que parla méthode retenue, les données chiffrées utilisées et les conclusions suggérées. À défautd’apporter un éclairage définitif, de révéler un complot ou d’élaborer des analyses savantesde la nouvelle aliénation des peuples, la prudence est de mise : il ne s’agit pas de donnerici un point de vue personnel et donc subjectif, mais plutôt de proposer une approchedistanciée, qui équilibre synthèse académique et présentation didactique. L’objectif estd’aider à se forger une opinion. Nous allons donc présenter des statistiques de longuepériode, utiliser des comparaisons internationales et privilégier les mises en perspective àl’aide de tableaux et de graphiques.

Le deuxième défi est qu’il existe un décalage entre la réalité globale de l’économie et lescatégories utilisées pour l’analyser : concrètement, on continue à confondre richesse etcroissance économique ; on continue à mesurer cette croissance par la somme desvaleurs ajoutées sans rien retrancher des contributions négatives de la course au PIB ; onutilise encore le cadre de la comptabilité nationale alors que les flux transnationaux –économiques et financiers, technologiques et culturels – sont devenus prédominants. Onpeut aussi évaluer plus aisément la puissance productive de la globalisation que ses qualitésdistributives, car elle fonctionne trop souvent comme une centrifugeuse aux dépensde millions d’individus qui n’apparaissent ni dans les rapports annuels, ni dans lescomptes officiels : si même le PIB était une mesure acceptable, les comptes de la nationévaluent la seule contribution productive de ceux qui sont formellement intégrés dansun système économique. Comment alors évaluer le produit intérieur de pays où l’économiedite « parallèle » représente une part substantielle de la production ? Comment tenircompte du travail bénévole et des activités multiples des ONG ? Et comment recenser lecoût social des externalités qui affectent l’environnement ?

Un autre défi est celui de l’angle d’analyse de la globalisation : alors que le centre dumonde est partout, on continue à enseigner la géographie « à plat », avec l’Europe bienau centre de nos cartes, d’où un tropisme occidental qui fait des ravages à la premièreconfrontation transculturelle. Gestionnaires financiers et exportateurs, analystes du risqueou responsables d’ONG vivent de plus en plus dans un monde sans fuseaux horaires nifrontières et constitué de réseaux d’interdépendances, alors que diplomates et politiquesévoluent toujours dans un système international et agitent drapeaux, langues et spécificitésculturelles ancrés dans des territoires. Ce que l’on nomme gouvernance globale est le faitd’institutions qui datent des lendemains de la Seconde Guerre mondiale, et où un petitnombre de pays monopolisent toujours les processus de décisions en subordonnant les trois quarts de l’humanité. Au total, il n’est donc pas seulement nécessaire de refondre enprofondeur la science économique pour en faire celle de l’entendement des dynamiquesd’un monde en mouvance permanente, il faut repenser l’enjeu de la nouvelle interdépendanceglobale afin d’en mesurer les opportunités et les contraintes, avant de rêver denouvelles solidarités.

Contenir la globalisation en un seul ouvrage est aussi une gageure. Prétendre être exhaustifserait à coup sûr ignorer sa dimension multiforme, économique et financière, mais aussigéopolitique et culturelle. Et traiter de globalisation requiert un savoir global, à tout lemoins ! Or, si on pouvait « embrasser le monde » et disposer d’une culture encyclopédiqueil y a peut-être encore un siècle, aujourd’hui le savoir devient relatif, les voyages rendentmodestes. L’auteur a rejoint la communauté académique sur le tard et il ne veut prétendrerendre compte de toutes les contributions à la réflexion théorique et empirique sur cetimmense et mouvant sujet. Il laisse donc à d’autres la tâche d’analyser les questionsdélicates de subordination idéologique, linguistique ou culinaire. Il a eu toutefois l’opportunitéde « parcourir le monde » pendant trente ans, au sein de la communauté financièreinternationale. Il a donc pu observer de près la puissance et l’indépendance croissantesde la sphère financière ; il a aussi mesuré l’influence des institutions et de la « gouvernance »,et le rôle décisif des personnes et des choix politiques : ministres compétents ou corrompus,transparence des règles du jeu ou bien « fait du Prince », qualité de l’information oubien opacité des comptes, respect de l’intérêt général et du long terme, ou opportunismeet spéculation… Son expérience lui a donné de conclure qu’il n’existe pas de fatalitéet que la globalisation ne saurait jouer le rôle de bouc émissaire. Entre le marché et lasociété, il y a la politique, c’est-à-dire le domaine des valeurs, des choix et des décisions.Il faut enfin définir une cible de lectorat. Nous avons souhaité rédiger un ouvrage qui nesoit pas l’apanage du spécialiste pour ses pairs, mais au contraire utile pour un publicaussi large que possible. Les chapitres ne requièrent pas une lecture linéaire, ils invitentau contraire à un libre périple.

L’auteur souhaite exprimer sa reconnaissance à nombre de personnalités qui l’ont accompagné,directement ou indirectement, dans sa recherche : Jacques Perrin et Alice Guilhon,de la direction du CERAM ; Bertrand Groslambert, son collègue de la chaire GlobalFinance ; Jean-François Rischard et Elkyn Chaparro, de la Banque mondiale ; Ephraim Clark,de Middlessex University ; Sima Motamen, de Westminster University ; Michael Payte,de l’Association internationale d’ingénierie financière ; Robert Isaak, de Pace University ;Françoise Crouigneau, rédacteur en chef du journal Les Echos ; Pierre Haas, conseiller duprésident de PARGESA ; Arnauld de l’Épine, qui est un critique amical mais sans compromis; David Hampton et Dragos Cazacu, ses collègues de Finconet ; Charles-AlbertMichalet, de l’université Paris-Dauphine, qui a été son directeur de recherche pour laHDR et lui a donné tôt le goût de l’économie internationale ; Olivier Favereau, de l’universitéParis X, qui fut et reste encore son professeur d’économie… L’assistance d’étudiantsde haut niveau a été appréciable, en particulier celle de Philipp Siegert, et d’autresdu Ceram, de l’AIT à Bangkok, de l’ESAN à Lima et du CFVG à Saigon.

Sa gratitude va aussi à Pascale Pernet et Antoine Chéret, de Pearson Education France,pour un soutien aussi éclairant qu’exigeant. Cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sansl’appui du Ceram-Sophia Antipolis, ni sans l’invitation de la School of Management del’Asian Institute of Technology.

 

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